28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 17:02

  Un Carême intérieur


De retour de Rome, après une visite ad limina riche et stimulante, me voici confiné pendant quatorze jours à l’évêché.
Toute la France est confinée : plus question d’aller dans un bar, un hôtel ou à la messe !
Il y aura de grands dégâts humains, des décès et des souffrances physiques et psychiques. Et le virus n’est pas seulement dans les corps, il est aussi dans notre mental : et si tout allait se bloquer ? Que vont devenir notre économie, nos relations sociales, nos loisirs, nos écoles (fermées jusqu’à nouvel ordre) ? Et, côté religieux, la messe ne peut plus se célébrer. Les chrétiens devront organiser chez eux la lecture méditée de la Parole de Dieu ou d’autres prières.
Ce redoutable virus fait subir à l’humanité entière une terrible épreuve. C’est comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Nous ne devons pas perdre le moral et, au moins, que cela serve à conforter notre cohésion sociale !
Quand tout est menacé, tout devient relatif. L’important aujourd’hui est d’endiguer la pandémie. Tout le monde doit se mettre en résistance, devenir solidaires et en bons citoyens effectuer les gestes de prudence nécessaires.
Nous rêvions de sobriété ? En plein Carême,

nous voici amenés à faire un usage raisonné des marchandises. Quand on y pense, un virus est invisible à l’oeil et cet organisme vivant microscopique interroge nos modes de vie. Il nous fait mieux prendre conscience de la fragilité de nos existences. Le virus est là, caché, bien installé, efficace. Il fait perdre confiance en toutes choses.
Certains trouvent que l’on aurait dû anticiper, qu’il manque des masques et des gels hydro-alcooliques, que les hôpitaux sont mal équipés, etc. Ce virus en dit long sur nos comportements et nos peurs.
Je relisais les premières pages de La Peste d’Albert Camus. Cette belle phrase, par exemple, au sujet de la ville d’Oran où se déroule le récit, mais qui correspond bien à notre situation actuelle, a retenu mon attention : « Une manière commode de faire la connaissance d’une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt. » J’ajoute « comment on y fait preuve de civisme, comment on y est solidaire… »
Faisons preuve d’une charité inventive, d’une attention à tous, sans perdre notre prudence et notre paix !


+ Mgr Hubert Herbreteau
Dimanche 15 mars 2020

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